Entretien avec Ghisleine Soulier(Responsable de Communication à Pharmaciens sans Frontières)
CSD._ Madame, quel rôle est dévolu à Pharmaciens sans frontières ?
G.Soulier_ Nous avons une mission de développement en médicaments essentiels, qui représentent 98% de ceux actuellement utilisés. Ils se présentent à 95% sous forme de génériques, et sont d’environ 360 selon l’O.M.S. Car il ne faut point oublier que 17 millions de personnes meurent chaque année par manque de médicaments. Nous aidons également les pays pauvres à mettre en place leur propre chemin de développement. Au Tadjikistan, par exemple, nous avons donné une formation qualité à cinq personnes qui se chargent de l’audit fournisseurs. Nous leur apprenons aussi à gérer des lots de médicaments périmés, ou inappropriés, qui représentent un véritable danger pour la santé publique. Mais nous veillons aussi à la conservation sanitaire des médicaments, qui est la condition essentielle de leur efficacité.
CSD._ Comment êtes-vous financés?
G.Soulier_ Nous le sommes à 80% par des fonds institutionnels tels que le Fonds Européen de Développement, Europe Aid, l’Unicef, 15% de fonds Propres, et le reste à la générosité publique. Il faut savoir que la plupart des États paient leurs médicaments, car grâce à ces aides, leurs coûts sont minimes. Ce qui nous permet de mieux aider ceux qui n’en n’ont vraiment pas les moyens.
Actions récentes de Pharmaciens Sans Frontières
Sauvegarde de la pharmacopée amérindienne
La plupart des médicaments sont des molécules de plantes ou des minéraux synthétisés. Pharmaciens sans frontières a donc répertorié 1500 plantes avec les Indiens d’Équateur et les a fait enregistrer au Ministère de la Santé. Afin de promouvoir ces médecines autochtones en Europe et d’initier ces Thérapeutiques Ancestrales, comme médecine alternative efficace, car moins onéreuse que la Médecine occidentale ; faisant bénéficier, dans un même temps, à ces populations isolées d’une totale autonomie médicale. Cela se fait, depuis 10 ans, par le biais de l’Association ARUTAM et en partenariat avec :
Pharmaciens Sans Frontières Comité International (PSF CI)
Commission de la Communauté Européenne DG VIII (CCE - DGVIII)
Ministère français des Affaires Etrangères (MAE)
Ministère équatorien de la Santé Publique (MSP)
Federación Interprovincial de Centros Shuar (FICSH)
Federación Interprovincial de la Nacionalidad Achuar del Ecuador (FINAE)
Organización de la Nacionalidad Zaparo del Ecuador (ONAZE)
Asociación de la Nacionalidad Zapara de la Provincia de Pastaza (ANAZPPA)
Organización de la Nacionalidad Shiwiar de la Amazonia Ecuatoriana (ONSHIPAE)
Federación de Centros Awa (FCA)
Cette opération de sauvegarde sert également à préserver les médecines traditionnelles du tiers monde avant qu’elles ne soient totalement pillées par de gros laboratoires pharmaceutiques, et ceci, à leur seul profit. Ces laboratoires ont pour coutume de breveter les molécules, dont les Indiens leur ont expliqué l’utilisation, puis d’exiger qu’ils paient s’ils veulent continuer à utiliser leur propre médecine traditionnelle. P.S.F est d’ailleurs, souvent en conflit avec ces laboratoires, qui veulent, également, tirer un profit trop élevé des médicaments essentiels.
Il faut savoir que les pays pauvres n’utilisent que 10% de la production mondiale des médicaments produits par les laboratoires, bien qu’ils représentent 80% de la population mondiale
Lutte contre le sida
Les actions les plus urgentes de P.S.F. sont menées pour la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Ils s’assurent que le circuit d’approvisionnement soit fiable et viable, permettant un accès rapide aux soins à toutes les populations, et mettent aussi en place des infrastructures locales afin d’assurer la sécurité et l’autonomie du circuit d’approvisionnement.
Enfin, ils sont amenés à former les personnels de santé à la bonne utilisation des médicaments
Extrait d'une l’enquête sur Les ONG médicales, ces médecins du Monde, réalisée en Septembre 2008 par Chantal Sayegh-Dursus (A.S)