Les plaques tectoniques en mouvement
Alors que l’on sort encore de temps à autre un miraculé de sous les décombres, le nombre de morts est maintenant en partie connu, il dépasserait les 150.000 individus. Comme après tout séisme, les soubresauts de l’écorce terrestre pourraient occasionner encore un mini séisme. Les haïtiens s’y préparent. La plupart d’entre eux dorment d’ailleurs dans la rue. Et l’exode vers les zones rurales non touchées a déjà commencé. Ce déplacement de population concernerait plus d’un million d’individu. Mais ces zones défavorisées ne sont pas préparées à intégrer ces nouveaux venus, car elles sont, avec la déforestation (95%), déclarées zones sinistrées elles-mêmes depuis de nombreuses années.
Une solidarité, comparable à celle du tsunami en Indonésie, se mobilise peu à peu pour le peuple haïtien. Mais alors que les dons continuent à affluer, leur juste répartition se fait de plus en plus problématique. Car des bandes, armées de gourdins, molestent les individus afin de les délester des quelques vivres qui leur ont été alloués. Et on se demande si, malgré elle, l’Amérique ne se trouve pas engagée dans une obligation de substitution d’Etat, tel que c’est le cas en Afghanistan ou en Irak. De plus, devant un gouvernement plus qu’effacé et corrompu, la question de la gestion d’une partie importante de l’aide pour la reconstruction, selon des normes sismiques très pointues, telles celles appliquées en Californie ou au Japon, se pose encore chaque jour d’avantage.
Car ce n’est pas une simple aide humanitaire qu’il faut maintenant gérer, mais tout un pays, le plus pauvre du monde, qu’il faut maintenant aider à se relever. Et toute la science et toute la solidarité des haïtiens en exil n’y suffiront pas. La mission de l’ONU en Haïti devient donc chaque jour de en plus pointue et de plus en plus cruciale pour la création d'un gouvernement de crise.